Chandler, 2012 B&W scannée
"Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre" Éditions Viviane Hamy
Le deuxième roman d'une jeune romancière: Céline Lapertot
Un silence qui dure et au bout: son propre verdict.
"Pour être une fille, il faut avoir une mère."
"Voilà ce que je vous écris, Monsieur le juge."
" Je suis ce que mon crime a fait de moi: vivante"
"Avez-vous une idée du temps qu'il faut pour s'extirper d'une toile d'araignée?"
Le reste, le silence... il faut le lire dans le livre et surtout rester à l'écoute du monde qui nous entoure.
jeudi 18 décembre 2014
dimanche 26 octobre 2014
Réunion au sommet
Toulouse Saint Simon, Rouge-gorge, octobre 2014
Summit meeting
Time of the year when black and white and color will once again compete with one another to the point of merging into one.
Toulouse Saint Simon, moineaux et mésange charbonnière, octobre 2014
L’époque de l’année où le noir et blanc et la couleur rivalisent de nouveau
pour en arriver même à se fondre.
Summit meeting
Time of the year when black and white and color will once again compete with one another to the point of merging into one.
Toulouse Saint Simon, moineaux et mésange charbonnière, octobre 2014
samedi 4 octobre 2014
Partir et après ?
Toulouse Saint Simon, octobre 2014
Écriture saccadée, comme pour toujours essayer d'attraper et de coucher l'essentiel, quoique le mot « saccadé » ne se rapporte pas tout à fait à l’impression ressentie mais s’en rapproche ; des enfants, partir, rester, agir, toujours agir mais jamais comme des enfants tels qu’on se les définit, ou jamais comme notre esprit pourrait se l’imaginer dans le pire des cas.
Lire cet interview pour mieux saisir ou sinon rester sur sa soif. Il en résulte une forte envie de continuer à lire Agota Kristof. Âmes sensibles, s’abstenir.
*Livre lu suite à la lecture d'un des billets de Claudialucia.
« Le grand cahier » Agota Kristof, roman, 1986
Écriture saccadée, comme pour toujours essayer d'attraper et de coucher l'essentiel, quoique le mot « saccadé » ne se rapporte pas tout à fait à l’impression ressentie mais s’en rapproche ; des enfants, partir, rester, agir, toujours agir mais jamais comme des enfants tels qu’on se les définit, ou jamais comme notre esprit pourrait se l’imaginer dans le pire des cas.
Lire cet interview pour mieux saisir ou sinon rester sur sa soif. Il en résulte une forte envie de continuer à lire Agota Kristof. Âmes sensibles, s’abstenir.
*Livre lu suite à la lecture d'un des billets de Claudialucia.
P.S.La trilogie des jumeaux :
Le grand cahier
La preuve
Le troisième mensonge
mercredi 20 août 2014
Émotions
Tournefeuille, août 2014
Wintersleep Réalisé par Nuri Bilge Ceylan avec Haluk Bilginer (Aydin) Demet Akbağ (Necla) Melisa Sözen (Nihal) Ayberk Pekcan (Hidayet) Serhat Mustafa Kiliç (Hamdi) Photographie : Gökhan Tiryaki
Trois heures pour s'imprégner, s'enfoncer dans les paysages extérieurs, intérieurs.
L'Anatolie, l'hôtel, les rares clients, le retraité, la sœur, l'épouse, l’intendant, les locataires, les non-dits, les éclats, les longs échanges à fleur de peau, les sentiments palpables, très palpables, défilent à tour de rôle.
Ce cinéma-là se fait rare. Les jours passent et l'on reste surpris de l'impact de "Wintersleep" sur notre âme et conscience.
Three short hours to impregnate oneself with spaces indoors as well as outdoors, to grasp the mood.
Anatolia, a hotel, rare customers, a retiree, his sister, his wife, the housekeeper, the tenants, unspoken resentments, sudden surges of emotion, either rough or sensitive discussions, palpable tensions, very palpable tensions arising one at a time.
This kind of cinema is quite rare nowadays. As the days pass one is surprised by the impact that "Wintersleep" leaves on our heart and soul.
Wintersleep Réalisé par Nuri Bilge Ceylan avec Haluk Bilginer (Aydin) Demet Akbağ (Necla) Melisa Sözen (Nihal) Ayberk Pekcan (Hidayet) Serhat Mustafa Kiliç (Hamdi) Photographie : Gökhan Tiryaki
Trois heures pour s'imprégner, s'enfoncer dans les paysages extérieurs, intérieurs.
L'Anatolie, l'hôtel, les rares clients, le retraité, la sœur, l'épouse, l’intendant, les locataires, les non-dits, les éclats, les longs échanges à fleur de peau, les sentiments palpables, très palpables, défilent à tour de rôle.
Ce cinéma-là se fait rare. Les jours passent et l'on reste surpris de l'impact de "Wintersleep" sur notre âme et conscience.
Three short hours to impregnate oneself with spaces indoors as well as outdoors, to grasp the mood.
Anatolia, a hotel, rare customers, a retiree, his sister, his wife, the housekeeper, the tenants, unspoken resentments, sudden surges of emotion, either rough or sensitive discussions, palpable tensions, very palpable tensions arising one at a time.
This kind of cinema is quite rare nowadays. As the days pass one is surprised by the impact that "Wintersleep" leaves on our heart and soul.
Décembre 2013, Ax les Thermes
vendredi 30 mai 2014
A Rock, A River, A Tree...
The
Riparian Preserve, Gilbert, AZ, May 2014
Transcript here (US Ambassy)
...”They all hear
The speaking of the Tree.
They hear the first and last of every Tree
Speaks to humankind a day.
Come to me, here beside the River.” …
jeudi 1 mai 2014
Displacement
Barcelona, mars 2014 "A room where it always rains"
I found a few days ago a couple of quite interesting interviews with Juan Muñoz, so I am adding one more display we saw close to the beach in Barcelona.
Barcelona, mars 2014
Part of a conversation between Juan Muñoz and Paul Schimmel on September 18th, 2000:
PS: You create a very twisted beauty. This has a long tradition in Spanish painting -Diego Velazquez's dwarves, Francisco de Goya's hollowed-out eyes.
JM: I try to make the work engaging for the spectator. And then unconsciously, but more interestingly, I try to make you aware that something is really wrong...
Barcelona, mars 2014
I found a few days ago a couple of quite interesting interviews with Juan Muñoz, so I am adding one more display we saw close to the beach in Barcelona.
Barcelona, mars 2014
Part of a conversation between Juan Muñoz and Paul Schimmel on September 18th, 2000:
PS: You create a very twisted beauty. This has a long tradition in Spanish painting -Diego Velazquez's dwarves, Francisco de Goya's hollowed-out eyes.
JM: I try to make the work engaging for the spectator. And then unconsciously, but more interestingly, I try to make you aware that something is really wrong...
Barcelona, mars 2014
jeudi 10 avril 2014
L'illusion
Juan Muñoz (1953-2001) The nature of Visual Illusion 1994-1997 La nature de l’illusion visuelle - Macba, Barcelona, mars 2014
En prolongement d’un billet de Claudialucia, un article trouvé sur le site du musée de Grenoble au sujet de Juan Muñoz.
Juan Muñoz et ses personnages* en résine de polyester. Les personnages au Macba sont d’une taille un peu inférieure à celle que l’on connaît de nos contemporains. Mais le tout m’a laissée un sentiment d’inquiétude et surtout comme si l’ensemble s’adressait à moi, la passante, pour me forcer à me questionner mais sur quoi ?
Dommage la photo n’est pas très distincte et je n’ai pas pris de détail.
*the Chinese people
May 1st
I am adding part of a conversation between Juan Muñoz and Paul Schimmel on September 18th, 2000 that I found interesting:
...
JM They don't try to coexist in the same space as the spectator. They are smaller than real figures. There is something about their appearance that makes them different, and this difference is effect excludes the spectator from the room they are occupying."
...
dimanche 23 mars 2014
23 mars 2014 - Allons voter!
Toulouse, décembre 2013
L'ordre dans lequel nous avons découvert les 10 candidats à la mairie de Toulouse en ouvrant l'enveloppe arrivée hier samedi dans notre boîte aux lettres!
FN Toulouse Bleu Marine – Serge Laroze/Artemisa Rubio
Rassemblement Bleu Marine
* 8,15%
* 8,15%
LEXG/NPA Toulouse en
Marche ! Ahmad Chouki/Hegoa Garay
L’issue des Sans Voix, le Nouveau Parti Anticapitaliste
et la République du Cœur
* 1,67%
PG Front De Gauche Jean-Christophe Sellin/Myriam Martin
A Toulouse, Place au Peuple
* 5,10%
LDvG Aimer Toulouse Jean-Pierre Plancade/Lydia Arroyo
* 2,12%
* 2,12%
EELV Europe Ecologie Les Verts et Parti Pirate Midi
Pyrénées Antoine Maurice/Michèle Bleuse
Toulouse Vert Demain
* 6,99%
* 6,99%
PS-PCF-PRG-MRC-Parti occitan Liste de la Gauche
Toulousaine et des écologistes Pierre
Cohen/Gisèle Verniol
Avec vous,
Toulouse avance !
* 32,26%
UMP-UDI-MoDem Jean-Luc
Moudenc/Laurence Arribage
Un Nouvel Elan pour Toulouse
* 38,20
CAP21/ RC Le Rassemblement Citoyen Elisabeth Belaubre/Jean-Felix
Honorine
Rendre possible ce qui est nécessaire !
* 2,42%
* 2,42%
LDVD/UDI l'Union des Démocrates Indépendants Christine de
Veyrac/Eric Mouton
L’alternative Responsable Loin des politiciens, près des Toulousains
* 2,45%
* 2,45%
LO Lutte ouvrière Sandra Torremocha/Antoine Missier
Faire entendre le camp des travailleurs* 0,63%
* Résultats
Plus de politique
(sur l’air de la Treille de sincérité)
Peuple français la politique
T’a jusqu’ici trop attristé :
Rappelle ta légèreté,
Ton antique
Joyeuseté.
Souviens-toi de ce temps aimable,
Où, libre de soins importans,
Entre le boudoir et la table
Tu partageais tous tes instants ; (bis)
Oubliait-on alors en France
Un banquet pour un tribunal,
Un concert pour une séance,
Un billet doux pour un journal ?
Peuple français, la politique, etc.
Tes hauts faits, ta noble vaillance
Assez long-temps ont attesté
Que ta patrie était la France ;
Atteste-le par ta gaieté !
Qu’enfin Momus de son empire
Retrouve en toi vieil ami,
Et songe bien que ne pas rire
C’est n’être français qu’à demi...
Peuple français, la politique, etc.
A jouir quand tout te convie,
Quand le plaisir te tend les bras,
Insensé ! Tu passes ta vie
A chercher comment tu vivras !
Cesse des plaintes impuissantes ;
Pourquoi perdre en
vœux superflus,
En peines toujours renaissantes,
Des jours qui ne renaitront plus !
Peuple français, la politique, etc.
Qu’as-tu fais de ce gai délire
Qu’enviait ton sombre voisin ?
Reprends tes grelots et ta lyre,
Chante le myrte et le raisin.
Fidèle appui de la couronne,
Obéis gaiment à ses lois,
Et bois, quand vient le jus d’automne,
Au pays à qui tu le dois…
Peuple français, la politique, etc.
Heureux tant que tu fus frivole,
Laisse au lieu de te tourmenter
Au gré de Neptune et d’Éole
Le vaisseau de l’État flotter
Et tandis qu’un pilote habile
Le défendra des coups du sort,
Contente-toi, sage et tranquille,
De mener ta barque à bon port,
Peuple français, la politique, etc.
La beauté fidèle
ou légère
Sut souvent enflammer tes sens,
Le bon vin sut toujours te plaire,
Toujours la gloire eut ton encens :
Chaque année offre à ton ivresse
Treilles, lauriers, myrtes, appas…
Sous un ciel qui te rit sans cesse,
Pourquoi donc ne rirais-tu pas ?
Peuple français la politique
T’a jusqu’ici trop attristé :
Rappelle ta légèreté,
Ton antique
Joyeuseté.
"Chansons et Poésies diverses" Marc Antoine
Désaugiers naquit le 17 novembre 1772 à Fréjus, sous ce beau ciel de la
Provence si fécond en inspirations poétiques. Il mourut le 9 aout 1827.
Toulouse. mars 2014
mercredi 5 mars 2014
Une rencontre
Chandler, avril 2009
Merci à Claudialucia pour m’avoir introduite au livre de Martine Mairal sur la vie de Marie de Gournay vouée aux Essais de Montaigne. Que rajouter à son merveilleux article sur « L’Obèle » (clic) ? Citer, très certainement, les moments forts de ma propre lecture.
Tout d’abord l’actualité de bien des passages comme celui-ci émanant de Montaigne : « Nous vivons de ces temps sauvages où les religions vouées aux extrêmes par les intérêts du siècle exigent de l’humanité un tribut sanglant pour affermir leurs autels. Des religions censément faites pour entrainer les hommes à la communion, qui s’opposent furieusement et guerroyent à feu et à sang sites, bourgs et familles, dévastant au nom de Dieu les accointances les plus anciennes, nous jetant dans un branle furieux ou l’esprit vacille comme flamme en courant d’air. » A noter également une préoccupation déjà d’époque : l’égalité entre hommes et femmes vue par Montaigne, une idée soutenue par Marie de Gournay « Les femmes n’ont pas tort de tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles. » A méditer.
L’emploi des mots requérant dans mon cas le constant emploi d’un dictionnaire. Je ne serais jamais venue au bout de ce livre si je les avais tous sondés… Mais une recherche également due à certaines lacunes de mon côté sans aucun doute. Des exemples? Batrachomyomachie , embéguinée, malengroin, rassotée… mais quelle beauté et richesse de langage.
Des moments amusants comme cette phrase en latin de cuisine prise à Rabelais : « omnis clocha clochabilis in clocherio clochando ; clochans clochativo, clochare facit clochabiliter clochandis. »
A noter encore l’intensité du temps qui passe : 4 années de rencontres (1588- 1592) entre Marie de Gournay et Michel de Montaigne, des détails historiques sous le règne d’Henri III. La beauté de l’amitié comme ici venant de Montaigne « …c’est un don. Un élan qui vous prend tout entier. D’esprit, d’idées, de cœur, de peau, de corps et d’âme. .. »
Pour conclure je reste toutefois avec un certain malaise, celui de me poser des questions sur un tel parcours de vie de la part de Marie de Gournay ! Une vie passée à la lecture et à l’écriture, dans l’ombre des essais de Montaigne. Je reprendrai ici une pensée de Pierre Bourgeade dans L’empire des livres : « Préférer la vie aux livres ou les livres à la vie ? » Ou bien faut-il se rallier au fait que nous ne nous trouvons ni à l’époque ni dans la peau même de Marie ?
Chapeau à Martine Mairal qui a su restituer tant de sentiments, de courage, un hymne à l’écriture et à la foi dans l’homme.
*L’obèle : Petit trait servant à signaler un passage interpolé sur les manuscrits anciens.
Merci à Claudialucia pour m’avoir introduite au livre de Martine Mairal sur la vie de Marie de Gournay vouée aux Essais de Montaigne. Que rajouter à son merveilleux article sur « L’Obèle » (clic) ? Citer, très certainement, les moments forts de ma propre lecture.
Tout d’abord l’actualité de bien des passages comme celui-ci émanant de Montaigne : « Nous vivons de ces temps sauvages où les religions vouées aux extrêmes par les intérêts du siècle exigent de l’humanité un tribut sanglant pour affermir leurs autels. Des religions censément faites pour entrainer les hommes à la communion, qui s’opposent furieusement et guerroyent à feu et à sang sites, bourgs et familles, dévastant au nom de Dieu les accointances les plus anciennes, nous jetant dans un branle furieux ou l’esprit vacille comme flamme en courant d’air. » A noter également une préoccupation déjà d’époque : l’égalité entre hommes et femmes vue par Montaigne, une idée soutenue par Marie de Gournay « Les femmes n’ont pas tort de tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles. » A méditer.
L’emploi des mots requérant dans mon cas le constant emploi d’un dictionnaire. Je ne serais jamais venue au bout de ce livre si je les avais tous sondés… Mais une recherche également due à certaines lacunes de mon côté sans aucun doute. Des exemples? Batrachomyomachie , embéguinée, malengroin, rassotée… mais quelle beauté et richesse de langage.
Des moments amusants comme cette phrase en latin de cuisine prise à Rabelais : « omnis clocha clochabilis in clocherio clochando ; clochans clochativo, clochare facit clochabiliter clochandis. »
A noter encore l’intensité du temps qui passe : 4 années de rencontres (1588- 1592) entre Marie de Gournay et Michel de Montaigne, des détails historiques sous le règne d’Henri III. La beauté de l’amitié comme ici venant de Montaigne « …c’est un don. Un élan qui vous prend tout entier. D’esprit, d’idées, de cœur, de peau, de corps et d’âme. .. »
Pour conclure je reste toutefois avec un certain malaise, celui de me poser des questions sur un tel parcours de vie de la part de Marie de Gournay ! Une vie passée à la lecture et à l’écriture, dans l’ombre des essais de Montaigne. Je reprendrai ici une pensée de Pierre Bourgeade dans L’empire des livres : « Préférer la vie aux livres ou les livres à la vie ? » Ou bien faut-il se rallier au fait que nous ne nous trouvons ni à l’époque ni dans la peau même de Marie ?
Chapeau à Martine Mairal qui a su restituer tant de sentiments, de courage, un hymne à l’écriture et à la foi dans l’homme.
*L’obèle : Petit trait servant à signaler un passage interpolé sur les manuscrits anciens.
« Voyez ce signe, Marie. Trois traits y suffisent. Une barre verticale ferrée de deux traits brefs à chaque extrémité… » Montaigne
lundi 6 janvier 2014
À la mère de famille
Paris, rue du Faubourg Montmartre, 2009
Un petit clin d'oeil à Vagabonde.
Poème de Baudelaire relayé par Missive:
Les petites vieilles
à Victor Hugo
I
Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales,
Des êtres singuliers, décrépits et charmants.
Ces monstres disloqués furent jadis des femmes,
Eponine ou Laïs! monstres brisés, bossus
Ou tordus, aimons-les! ce sont encor des âmes.
Sous des jupons troués et sous de froids tissus
Ils rampent, flagellés par les bises iniques,
Frémissant au fracas roulant des omnibus,
Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,
Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus;
Ils trottent, tout pareils à des marionnettes;
Se traînent, comme font les animaux blessés,
Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes
Où se pend un Démon sans pitié! tout cassés
Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille,
Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit;
Ils ont les yeux divins de la petite fille
Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit.
- Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles
Sont presque aussi petits que celui d'un enfant?
La Mort savante met dans ces bières pareilles
Un symbole d'un goût bizarre et captivant,
Et lorsque j'entrevois un fantôme débile
Traversant de Paris le fourmillant tableau,
Il me semble toujours que cet être fragile
S'en va tout doucement vers un nouveau berceau;
À moins que, méditant sur la géométrie,
Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords,
Combien de fois il faut que l'ouvrier varie
La forme d'une boîte où l'on met tous ces corps.
- Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes,
Des creusets qu'un métal refroidi pailleta...
Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmes
Pour celui que l'austère Infortune allaita!
II
De Frascati défunt Vestale enamourée;
Prêtresse de Thalie, hélas! dont le souffleur
Enterré sait le nom; célèbre Évaporée
Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur,
Toutes m'enivrent! mais parmi ces êtres frêles
Il en est qui, faisant de la douleur un miel,
Ont dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes:
Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel!
L'une, par sa patrie au malheur exercée,
L'autre, que son époux surchargea de douleurs,
L'autre, par son enfant Madone transpercée,
Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs!
III
Ah! que j'en ai suivi de ces petites vieilles!
Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombant
Ensanglante le ciel de blessures vermeilles,
Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc,
Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,
Versent quelque héroïsme au coeur des citadins.
Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle,
Humait avidement ce chant vif et guerrier;
Son oeil parfois s'ouvrait comme l'oeil d'un vieil aigle;
Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier!
IV
Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes,
À travers le chaos des vivantes cités,
Mères au coeur saignant, courtisanes ou saintes,
Dont autrefois les noms par tous étaient cités.
Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire,
Nul ne vous reconnaît! un ivrogne incivil
Vous insulte en passant d'un amour dérisoire;
Sur vos talons gambade un enfant lâche et vil.
Honteuses d'exister, ombres ratatinées,
Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs;
Et nul ne vous salue, étranges destinées!
Débris d'humanité pour l'éternité mûrs!
Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,
L'oeil inquiet, fixé sur vos pas incertains,
Tout comme si j'étais votre père, ô merveille!
Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins:
Je vois s'épanouir vos passions novices;
Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus;
Mon coeur multiplié jouit de tous vos vices!
Mon âme resplendit de toutes vos vertus!
Ruines! ma famille! ô cerveaux congénères!
Je vous fais chaque soir un solennel adieu!
Où serez-vous demain, Eves octogénaires,
Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu?
mercredi 1 janvier 2014
Une nouvelle année sur les blogs
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